Le lion, l'écureuil et les pigeons
Le lion s’ennuyait tout en haut de sa tour
Regardant les pigeons qui grouillaient tout autour.
En face de son trône, dans la même visée
L’Ecureuil Artaban le voyait nez-à-nez.
Pour attirer son attention, le rongeur du faire fiel
Et déroba au Lion, son valet le Kerviel.
« Juste ciel » dit le Lion, mais pour qui te prends-tu donc ?
Je te propose un jeu, les perdants sont les pigeons.
Le lion réfléchit, pense à un stratagème.
L’Ecureuil lui répondit « J’ai la confiance du monde, tous les animaux m’aiment ».
Elaborons un plan pour que nos ressources fructifient
Attablés à quatre pates, les prédateurs planifient.
On prête de l’argent à fort taux d’intérêt
Les oiseaux pigeonnés se jettent sur le terrier.
A la suite de quoi, les subprimes sont en crise,
Et tout notre or s’envole bien loin avec la brise.
Le lion interloqué pensa la gueule ouverte : « Mais nous serons ruinés ».
Et bien dit l’Ecureuil, nous irons donc pleurer.
« Quand la crise fut venue, j’étais tout bouleversé
J’ai perdu mes graines par sac, pour mes pigeons par milliers ».
Demandons au Manitou de renflouer nos cabas,
Et disons aux pigeons que rien plus ne sera.
Le système est pour nous, parions sur ces oiseaux,
Puis nous irons nous réfugier loin dans les paradis fiscaux.
En guise de solution, on leur trouve un ancien de la savane
Un vieux bouc fatigué qui sur la place se pavane.
Je te propose Maadoff, un vieux bouc émissaire
Il a une place cotée, il fera bien l’affaire (ou comme ton bon Kerviel il fera bien l’affaire)
On le mettra en pâture devant les hyènes de la télé
Pendant que nous nous toucherons nos parachutes dorés.
Le lion pense à ses trophées, l’Ecureuil à ses noisettes.
« Topons-là » dit le futé à l’agile preneur de dettes.
C’est ainsi que la crise fut entendue dans la savane
Mais fut conclue par les plus forts dans les hauteurs de Manhattan
Quand l’argent et le pouvoir, dans une société, sont légions,
Il y aura toujours quelqu’un à plumer comme un pigeon.