Page blanche

Publié le par Mathieu

Et si nous n’écrivions plus. Plus d’imagination. Plus de volonté. Plus de temps à prendre. Plus rien. On laisserait un trou noir, un vide sidéral, une page blanche, un écran blanc, où l’ancien texte resterait là depuis des lustres. Et si on n’avait plus rien à se dire. Raconter sa vie, c’est inintéressant, raconter ses rêves, ce n’est pas très ragoûtant, raconter ses envies, personne ne comprend. Si on ne se parlait plus. Qu’est-ce qu’on deviendrait ?

 

Que deviendrai-je si j’avais l’angoisse de la page blanche ? L’envie de tout déballer, tout critiquer, tout mépriser, tout aimer, tout argumenter, tout étudier, analyser, complimenter, haïr, insulter, vulgariser, parodier, revigorer, cuisiner, mélanger, pour redistribuer. Et si cette envie disparaissait… je ne serai plus. Plus moi-même, que l’ombre de moi-même, une âme éteinte, une ampoule qui scintille, qui clignote et qui grille comme un poulet.

 

Alors pour revenir, me réveiller, me remettre à vivre, je reprends la plume, je m’attache à la chaise, et je repense à toutes les choses que je vis, à tous ces trucs que je vois, à toutes ces personnes qui peuplent mon esprit, à ces situations que je prévois.

 

Je ne suis là pour personne le temps de l’écriture. Mon visage se tuméfie, puis se rétracte et je souris. La muse n’est pas partie, au contraire elle demeure, et me fait des signes. Prendre le temps. Le temps d’attendre son prochain pour lui faire profiter de la vue. Le temps de raconter son aventure avec les yeux de son petit frère. Les machines sont éteintes, je ne réponds pas au téléphone. Je suis noyé dans une marmite, englouti dans mes pensées. Mes idées en vinaigrette, je sers mon assaisonnement à qui trouve la vie un peu fade.

 

Ne vous inquiétez pas, il y en aura pour tout le monde, et même si vous êtes sages, y’aura certainement un peu de rab.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article